ADAS : quand l’assistance à la conduite devient un risque pour le conducteur

Présentées comme une avancée majeure pour la sécurité routière, les aides avancées à la conduite — les fameux ADAS — se sont imposées dans les véhicules neufs depuis juillet 2024 sous l’impulsion de la réglementation européenne. Détecteurs, caméras, systèmes de maintien dans la voie, lecture automatique des panneaux, freinage d’urgence : ces dispositifs se généralisent à grande vitesse, y compris désormais sur le marché de l’occasion.

Mais derrière cette promesse technologique se profilent des dangers réels, trop souvent minimisés.

Des comportements imprévisibles pouvant mettre en danger

De nombreux conducteurs relatent une prise de contrôle soudaine du véhicule : volant qui résiste, trajectoire corrigée de manière intempestive dès qu’une ligne est frôlée (même lorsque vous vous écartez pour éviter un cycliste!), alertes sonores permanentes… Le tout dans des conditions où la moindre hésitation peut devenir critique, par exemple à 130 km/h sur autoroute.

Plus préoccupant encore : les « freinages fantômes ».
Un capteur mal réglé, un soleil rasant, une ombre portée, un panneau mal interprété… et le système de freinage automatique d’urgence déclenche un arrêt brutal sans raison. Les automobilistes concernés décrivent des situations de frayeur, voire de danger immédiat pour les véhicules qui suivent. Un accident mortel a déjà été rapporté, et le ministère des Transports a ouvert une enquête.

La technologie censée protéger devient parfois, très littéralement, une source de risque.

Vers un conducteur sous surveillance et sous contrainte

Au-delà du danger physique, ces systèmes posent une autre question : celle de la liberté du conducteur.

La lecture automatique des panneaux, couplée au « limitateur intelligent », peut désormais non seulement avertir mais aussi brider la vitesse. L’Europe encourage d’ailleurs la généralisation des dispositifs capables d’imposer la vitesse maximale, même en cas d’erreur d’interprétation du système.

Lorsque le logiciel confond un panneau de sortie d’autoroute avec la limitation de la voie principale, la voiture ralentit soudainement. Dans une circulation dense, la manœuvre est potentiellement dangereuse et toujours stressante. À cela s’ajoute une prolifération de bips et d’injonctions sonores, fatigants et contre-productifs.

Cette automatisation croissante profilera demain une autre dérive : la tentation d’exploiter les données enregistrées pour contrôler a posteriori le comportement du conducteur. Un débat déjà ouvert en 2016, lorsque certains parlementaires envisageaient de verbaliser sur la base des informations de l’ordinateur de bord.

Le conducteur doit rester maître de sa conduite

Que la technologie puisse aider, nul ne le conteste. Mais qu’elle se substitue au conducteur, qu’elle impose des réactions non désirées, qu’elle crée des risques nouveaux ou installe une surveillance permanente : voilà qui suscite des inquiétudes légitimes.

Pour beaucoup, deux exigences s’imposent :

  • permettre la désactivation durable de ces systèmes ;

  • offrir au conducteur un contrôle simple et global des fonctions qu’il choisit ou non d’utiliser.

Une mobilisation citoyenne en cours

Face à ces enjeux de sécurité et de liberté, une initiative circule actuellement pour alerter institutions européennes et constructeurs. Une pétition, portée par la Ligue de Défense des Conducteurs, rassemble ceux qui souhaitent encadrer plus strictement ces technologies et garantir que le conducteur demeure maître à bord.

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