La Guerre en Douce : Comment le Décret 2025-1030 Privatise la Souveraineté Française

C’est une révolution silencieuse, opérée dans la pénombre d’un Journal Officiel de lendemain de fête. Le 1er novembre 2025, alors que les Français honoraient leurs morts pour la patrie, le gouvernement a enterré un pan entier de notre souveraineté militaire. Avec la publication du décret n° 2025-1030 instituant les « opérateurs de référence du ministère des Armées », l’Exécutif ne se contente pas de moderniser l’outil de défense : il s’offre, sous couvert de technicité juridique, le pouvoir de faire la guerre sans le dire, et surtout, sans vous le demander1.

Le Parlement contourné, la Nation muette

L’aspect le plus insidieux de ce texte réside dans sa mécanique institutionnelle. Jusqu’à présent, l’engagement de nos forces armées sur un théâtre extérieur (OPEX) répondait à un processus démocratique, incluant un vote du Parlement pour toute prolongation. Ce garde-fou constitutionnel garantissait que le sang des soldats français ne soit pas versé sans l’assentiment de la Nation.

Le décret fait voler ce principe en éclats. En créant ce statut d’opérateur privé agissant sous « droits exclusifs » de l’État2, le gouvernement se dote d’une armée de l’ombre. Le texte est d’ailleurs limpide sur cet objectif, vantant une capacité à se déployer « sans nécessiter un vote parlementaire complexe »3. Désormais, pour intervenir en Afrique ou au Moyen-Orient là où l’uniforme tricolore est devenu indésirable, l’Élysée n’aura plus besoin de convaincre les députés. Il lui suffira de signer une « convention de mission » avec une société privée4, transformant une opération militaire en simple prestation de services. La guerre devient un marché comme un autre, soustrait au regard des élus.

L’Ukraine : Le laboratoire de la guerre par procuration ?

Cette dérive trouve un écho glaçant dans l’actualité immédiate, et singulièrement sur le dossier ukrainien. Alors que les chancelleries évoquent un possible armistice dont les termes interdiraient formellement la présence de troupes de l’OTAN sur le sol ukrainien, ce décret offre une porte de sortie — ou plutôt une porte d’entrée — royale au gouvernement.

Ce que l’OTAN ne peut faire officiellement, les « opérateurs de référence » le pourront légalement. Sous la casquette civile de la « formation » ou de la « maintenance »5, la France pourra déployer des centaines d’hommes, militaires en disponibilité ou anciens des forces spéciales, directement au contact des lignes de fracture. C’est l’hypocrisie érigée en stratégie : respecter la lettre des traités internationaux tout en violant leur esprit par le biais d’acteurs privés sous pilotage étatique. Le risque ? Un engrenage guerrier où la France se retrouverait cobelligérante de fait, entraînée par des unités que la Représentation nationale n’a jamais autorisées à partir.

Bruxelles aux commandes : Le spectre d’une armée fédérale

Mais le péril n’est pas seulement démocratique, il est aussi souverainiste. Une lecture attentive du décret révèle que toute cette architecture juridique est « empruntée au droit de la concurrence européen »6. Ce n’est pas un détail sémantique, c’est un aveu de subordination.

En alignant nos outils de défense sur les catégories de la Commission européenne (droits spéciaux, opérateurs économiques), nous ouvrons la boîte de Pandore. Demain, qui empêchera Bruxelles de financer et d’engager ces opérateurs via la Facilité Européenne pour la Paix ? L’Europe, qui ne dispose d’aucune ressource propre hormis l’impôt des citoyens des États membres, pourrait ainsi subventionner des interventions militaires « clés en main » assurées par ces opérateurs français.

Le scénario est cauchemardesque pour tout défenseur de la souveraineté nationale : des unités françaises, formées et issues de nos armées, projetées sur des théâtres d’opérations décidés à Bruxelles, financées par nos propres impôts via le budget communautaire, mais sans qu’aucun élu français n’ait eu son mot à dire. Si un État membre s’oppose politiquement à une intervention, Bruxelles pourra la mener malgré tout, en la « privatisant » et en la payant avec l’argent commun. C’est la fédéralisation de la défense par la petite porte, celle du contrat commercial.

Conclusion

Le décret du 31 octobre 2025 n’est pas une simple adaptation administrative face à la « haute intensité »7. C’est un renoncement politique. En voulant donner de la souplesse à nos armées, le gouvernement a en réalité créé les conditions de leur effacement politique. Il a fabriqué l’outil idéal pour une diplomatie secrète, déconnectée du peuple et potentiellement soluble dans les ambitions fédéralistes européennes. Aux élus de la Nation de se saisir d’urgence de ce dossier, avant que la première « convention de mission » ne vienne sceller le sort de notre indépendance stratégique.

 

 

Analyse du décret 2025-1030:

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