La gauche, adepte de l’effet streisand

Sarkosy, coeur sacré, label medias, la gauche nourrit ses monstres

Le paradoxe de l’Idéologue…

C’est une constante de l’Histoire, mais elle semble s’accélérer de manière spectaculaire sous le mandat actuel : ce qui caractérise l’idéologue, c’est son incapacité structurelle à penser le monde en dehors du périmètre restreint de ses propres croyances.

L’aveu le plus cinglant de cette dérive restera sans doute la phrase prononcée par Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, devant l’Assemblée nationale : la télévision publique n’a pas vocation à représenter la France telle qu’elle est, mais telle « que nous voulons qu’elle soit ». Tout est dit. Ce refus du réel au profit du « souhaitable » (selon les critères du camp du Bien) constitue un biais cognitif majeur.

Mais ce biais ne se limite pas à une simple cécité. Lorsqu’il est couplé au pouvoir d’État, il engendre des décisions ubuesques dont les effets sont diamétralement opposés aux objectifs recherchés. En voulant contrôler, assainir ou punir, le système ressuscite ses ennemis et décrédibilise ses amis. Trois exemples récents, symptomatiques de cette déconnexion, illustrent ce grand retour de bâton. C’est le triomphe de l’effet streisand

1. L’Imprimatur médiatique : le suicide assisté de la presse officielle

Le projet gouvernemental de création d’un « label » pour les médias, censé garantir la fiabilité de l’information, est l’archétype de la fausse bonne idée technocratique qui se transformera en désastre démocratique.

Ce projet n’est ni plus ni moins que la restauration d’un Imprimatur moderne. Dans la Rome antique ou sous l’Ancien Régime, l’Imprimatur désignait ce qui était officiellement autorisé par le pouvoir central ou religieux. Apposer ce sceau aujourd’hui sur des médias revient à officialiser leur soumission à la ligne gouvernementale.

Emmanuel Macron en a lui-même fait la démonstration involontaire : en qualifiant récemment de « désinformation » une simple analyse critique de ses annonces par un média, il a prouvé que ce label ne servirait pas à trier le vrai du faux, mais le « conforme » du « dissident ». L’opinion divergente devient, sous la plume présidentielle, une fake news.

Le scénario de l’effet streisand à la française

Selon mon analyse, mon regard à la fois pragmatique et teinté de vision marketing, l’apposition de ce label « Médias de confiance » risque de provoquer deux types de réactions. 

Soit la réaction « russe » (que j’ai pu constater sur place à l’époque soviétique) qui  consiste à lire la presse officielle en creux pour décrypter ce qu’elle ne dit pas, soit la réaction « française »,  plus brutale : le rejet pur et simple.

Dans l’hypothèse “à la russe”, une fois les médias identifiés comme « officiels », le public ne les lit plus qu’en creux : il observe les mots choisis, cherche ce qui est tu, analyse ce qui est déformé. La lecture devient inversée : ce qui compte n’est plus ce qui est écrit, mais ce qui est caché. La Pravda était lue, mais comme on lit un message codé.

Dans l’hypothèse “à la française” que  j’estime la plus probable, les médias « officiels », labellisés par l’imprimatur verront leur audience s’effondrer. C’est très probablement la presse quotidienne régionale qui en sera la principale victime. En effet, la part de ses lecteurs qui l’ont déjà identifiée comme “conforme” à la pensée dominante est aujourd’hui minoritaire. Cette ambiguïté disparaîtra demain avec le label et c’est 100% du lectorat qui identifiera son quotidien régional comme propagandiste de la pensée officielle.  Sa chute sera mécanique. Elle n’aura pas plus de crédibilité que la presse nationale sur les sujets nationaux ou internationaux et sera remplacée au plan local par les page facebook des acteurs locaux. 

Ce mécanisme, j’en suis persuadé,  s’intensifiera jusqu’à rendre ces médias totalement dépendants de l’État et donc du pouvoir politique. Selon le principe que nous connaissons déjà, l’Etat voudra compenser les pertes engendrées par la baisse d’audience par des aides, des subventions, de l’argent public. Or, celui qui finance commande, et le discours deviendra encore plus aligné sur l’idéologie dominante. Lorsque  j‘évoque l’idéologie dominante,  je ne parle pas d’un parti politique ou d’un groupement politique quel qu’il soit. Je parle de l’idéologie dominante, c’est à dire aujourd’hui le progressisme. Que l’application sociétale de ce progressisme soit portée par Horizons, LFI ou n’importe quelle structure entre les deux, il ne s’agit que de mille nuances de progressisme et les arrangements, accords et commodités se feront toujours entre porteurs de cette idéologie.

Nous l’avons déjà vu avec la presse quotidienne nationale. Devenue monolithique, idéologiquement homogène et sous perfusion constante d’argent public, elle a été abandonnée par un lectorat qui n’y trouve plus matière à réflexion. Je crains que le même sort n’attende la Presse Quotidienne Régionale (PQR) si ce projet de label voit le jour.

Aujourd’hui, la PQR conserve une certaine aura de neutralité grâce à l’ancrage local. Mais demain, si Ouest-France ou La Voix du Nord arborent fièrement le label « Certifié », ils s’alièneront instantanément la moitié de leur lectorat potentiel.

Croire que les citoyens vont se ruer vers des médias labellisés « sûrs » est une illusion d’optique des élites. Dans un climat de défiance généralisée, le tampon officiel devient une marque d’infamie. L’État, en voulant sauver les soldats du « Cercle de la Raison » à coups de subventions et de labels, ne fait que précipiter leur obsolescence économique et morale. C’est l’effet boomrang, appelé aussi « effet Streisand« .

2. L’Affaire Sarkozy : la fabrication judiciaire d’un martyr

Le deuxième exemple de cet aveuglement est le traitement judiciaire réservé à Nicolas Sarkozy. Il faut se souvenir de la situation :Nicolas Sarkozy était politiquement mort. Un souvenir de la Ve République finissante. Battu en 2012, humilié lors de la primaire de 2016, marginalisé chez Les Républicains. Sa trajectoire semblait scellée.

C’est alors qu’une partie de l’appareil judiciaire – minée depuis longtemps par une gauche militante bien installée dans la magistrature – a décidé d’en faire un symbole.

Le résultat est connu : une condamnation prononcée sans preuves, sans faisceau d’indices cohérents, mais reposant sur une simple intime conviction d’une juge dont les engagements politiques étaient connus. L’exécution provisoire – décidée sans nécessité – a achevé d’impressionner le public : l’ancien Président devait entrer en prison. Pour l’exemple. 

Le résultat ? Le plus bel exemple d’effet streisand: Ils ont réveillé le tigre.

En cherchant à l’humilier, le système a transformé un retraité politique en recours, voire en martyr. La communication de Nicolas Sarkozy, fine et symbolique, ne laisse rien au hasard. En s’affichant avec Le Comte de Monte-Cristo (la vengeance implacable) et un ouvrage sur Jésus (la résurrection), il envoie un message subliminal à ses détracteurs : je reviendrai, et je ne pardonnerai pas.

Aujourd’hui, ses tournées de dédicaces tournent au plébiscite. La France de droite, lassée de l’amateurisme de la Macronie et exaspérée par la gauche morale, se cherche un chef. En le persécutant par le biais du « lawfare » (la guerre par le droit), la gauche judiciaire a, ironiquement, créé les conditions d’un « Trumpisme à la française ». Comme Donald Trump aux États-Unis, chaque attaque du système renforce sa légitimité anti-système. Nicolas Sarkozy n’est plus un ancien président battu, il est devenu une victime expiatoire, et par là même, une figure de ralliement.

L’idéologie a donc fabriqué – malgré elle – un « Trump français » : un homme que ses adversaires ont ressuscité en le pourchassant.

3. « Cœur Sacré » : quand la censure devient le meilleur attaché de presse

Le domaine culturel offre le troisième exemple, peut-être le plus savoureux, de cet effet streisand. Prenons le cas du docu-fiction chrétien Cœur Sacré.

Initialement, ce film produit par Saje étaient destinés à un public de niche : catholiques pratiquants, réseaux conservateurs, donateurs de la plateforme. Il cochait toutes les cases pour rester confidentiel. C’était sans compter sur la bêtise pavlovienne de la gauche militante.

Le refus de la régie publicitaire de la RATP d’afficher les posters, les tentatives d’interdiction par des maires écologistes ou socialistes (comme à Marseille), et les manifestations bruyantes de l’extrême gauche devant les cinémas ont offert à ces œuvres une campagne promotionnelle inespérée.

Le public, agacé qu’on lui dicte ce qu’il a le droit de voir ou non, s’est déplacé en masse. Résultat : Cœur Sacré a cumulé plus de 400 000 entrées, surpassant largement les grosses productions « woke » inclusives subventionnées qui s’effondrent au box-office (le public boudant désormais massivement les réécritures idéologiques des classiques de Disney).

Encore une fois, l’idéologie se heurte au réel :

  • plus elle interdit, plus elle attire ;
  • plus elle censure, plus elle renforce ;
  • plus elle moralise, plus elle se ridiculise.

Ce film catholique, que personne ne connaissait, serait resté confidentiel sans l’hystérie militante. L’idéologie l’a transformé en phénomène national.

Conclusion : Le triomphe du réel

Ces trois exemples — le label média, la résurrection de Sarkozy, le succès du cinéma chrétien — racontent la même histoire. Celle d’une élite qui pense pouvoir tordre le réel pour le faire entrer dans sa grille de lecture idéologique.

  • Ils pensent qu’un label rendra la parole officielle crédible : il la rendra suspecte.
  • Ils pensent que la prison effacera Sarkozy : elle le grandit.
  • Ils pensent que la censure étouffera la culture conservatrice : elle la rend désirable.

C’est la leçon que les idéologues refusent d’apprendre : on ne décrète pas la vérité, on ne force pas l’adhésion. À force de vouloir construire le monde qu’ils « veulent », ils se fracassent sur le monde tel qu’il est. Et ce monde-là est en train de se retourner contre eux, car c’est le réel qui finit par avoir le dernier mot.

Il reste à savoir combien de dégâts auront été commis avant que la raison ne reprenne ses droits.

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